Rafah a de nouveau été ces dernières heures la cible de bombardements israéliens. Ils auraient fait une vingtaine de morts, selon des médecins palestiniens. Depuis le début du conflit, en moyenne, 500 bombes sont tombées sur Gaza chaque jour. Dans 10% des cas, celles-ci n’explosent pas, ou pas complètement. C’est ce qu’on appelle des restes explosifs de guerre. Une menace supplémentaire pour les civils qui risquent leur vie à chaque fois qu’ils mettent le pied sur des débris.
Pendant trois jours, à Genève, les principaux cadres de l’Unmas – le service de la lutte anti-mines des Nations unies – se retrouvent pour partager leurs expériences, rapporte notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche.
Charles « Mungo » Birch est le responsable pour la zone de Gaza, sans doute l’endroit le plus contaminé au monde par les explosifs. « On estime qu’il y a 37 millions de tonnes de gravats à Gaza, nous explique-t-il (soit environ 300 kilos de débris par mètre carré, Ndlr). Pour vous donner une idée, c’est plus qu’en Ukraine. Avec 100 camions, il faudrait 14 ans pour tout débarrasser. Et c’est sans compter le temps qu’il faudra pour éliminer les restes explosifs de guerre et les autres dangers dans les gravats comme l’amiante. Il y en aurait 800 000 tonnes dans les débris. »
Bombes aériennes, obus d’artilleries, mortiers côté israélien, débris de roquettes et mines improvisées du côté du Hamas, le sol est truffé de restes explosifs de guerre. Et ils s’accumulent, chaque jour.
L’Unmas n’a que 12 employés à Gaza. Un autre responsable de l’agence onusienne, Pehr Lodhammar, parle d’expérience. Il a déjà géré le même type de problème en Irak « mais à une échelle moindre ». Il a notamment travaillé à Mossoul, où il s’est agi de déblayer 7 millions de tonnes de débris et de gravats, a-t-il précisé. Selon lui, « 65% des bâtiments détruits sont des immeubles d’habitation » sur l’étroit territoire palestinien.
« Pour le moment, ce qu’on fait, c’est qu’on accompagne les convois humanitaires qui vont au nord de Gaza, poursuit Charles « Mungo » Birch. Mais on ne détruit pas de restes explosifs de guerre, on n’a pas le matériel pour ça parce que c’est compliqué de le faire rentrer à Gaza. C’est considéré comme du matériel à double usage : il pourrait être employé à des fins militaires. »
Pour les démineurs, la guerre a réduit à néant des années de travail. Avant le 7 octobre, l’Unmas avait presque terminé de neutraliser les bombes du dernier conflit en 2021.
Pierre le Blanc pour ICI1FO