Depuis la prise du pouvoir au Mali du Colonel assimi Goïta en Août 2020, le Mali est progressivement entré dans un quasi divorce avec la France avec qui il a rompu aujourd’hui toute coopération dans quelque domaine que ce soit. Même si cela ne lui a pas été signifié, l’ambassadeur français est pratiquement « persona non grata » dans le pays. En réalité, le divorce ne concerne pas que la France. Après qu’il lui a été refusé de prolonger la « transition » de cinq années supplémentaires, et suites aux sanctions qui ont suivi, le Mali est également en » état de divorce » avec ses partenaires de l’UEMOA qu’il accuse d’être des « pions » de la France. Aujourd’hui, devant les Nations Unis, le Mali accuse la France d’apporter un « soutien » aux djihadistes. C’est dire l’état de dégradation des relations entre les deux pays.
Pourtant un détail dérange. Le Mali continue d’utiliser le Franc CFA, une monnaie toujours garantie par le Trésor Public français. Cette garantie est un bouclier. On peut la voir comme un parapluie qui évite aux pays de la zone d’être fréquemment pris dans des tempêtes monétaires, que connaissent régulièrement les pays dont les monnaies flottent. C’est la stabilité du CFA qui permet à des pays tels que le Mali et la Centrafrique, qui vivent des conflits intérieurs, de ne pas connaître une inflation hors de tout contrôle. En temps de guerre, il y a une expatriation des capitaux, ce qui fait perdre toute valeur à la monnaie locale. Cette perte de valeur fait bondir les prix, la misère s’installe et l’économie s’effondre. Ce scénario ne s’est pas produit dans ces deux pays parce que le CFA est stable, ce qui maintient le pouvoir d’achat des populations et rend possible les importations. Ainsi l’économie fonctionne. Tel n’est pas le cas ailleurs.
Aujourd’hui le Colonel Goïta s’est fait un nom en Afrique par son opposition à la France. On parle même de la « libération de l’Afrique » . Pourtant vous ne pouvez pas bénéficier de la protection d’un parapluie, et dans le même temps demander à celui qui tient ce parapluie de s’éloigner de vous. Il est contradictoire de vouloir « se libérer » de la France, et dans le même temps continuer à bénéficier du confort de la stabilité monétaire qu’elle a mis en place, car le CFA est une monnaie mise en place et garantie par la France.
Le Colonel assimi Goïta serait plus cohérent dans sa démarche de divorce avec la France, s’il prenait dès maintenant les dispositions pour sortir du CFA et revenir au franc malien, qui était en place de 1968 à 1984. La décision serait certes extrême, mais il n’est pas exclu qu’on en arrive là si les relations continuent de se vider de toute substance entre les deux pays. La question du maintien du Mali dans la zone CFA se pose désormais, vu la trajectoire empruntée par ce pays, qui fait désormais cavalier seul. La possibilité que le pays soit poussé vers la porte de sortie de la zone CFA, s’il ne se décide pas lui-même à la quitter, n’est plus une vue de l’esprit aujourd’hui.
Douglas Mountain avec ICI1FO.COM
Le Cercle des Réflexions Libérales
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