Côte d’Ivoire : Décès du sphinx de Daoukro, les populations de Pépressou sous le choc

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Le mardi 1er août 2023, le plus illustre des fils de Daoukro voire de la région de l’Iffou, Henri Konan Bédié a tiré sa révérence. Victime d’un malaise, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-rassemblement démocratique africain (Pdci-rda) a été transporté à la Pisam où il est passé de vie à trépas comme indiqué par ICI1FO.COM dans un précédent article. Les populations de Daoukro et de la Côte d’Ivoire n’ont pas voulu se fier à cette horrible nouvelle qui s’est répandue comme une trainée de poudre sur toute l’étendue du territoire et au-delà grâce aux réseaux sociaux et autres médias.

Avant-hier mercredi 02 août 2023, jour de marché de la commune de Daoukro, c’est dans la torpeur que les populations se sont réveillées. Beaucoup d’entre elles ne croyaient pas encore en la terrible nouvelle annoncée la veille. Nous nous sommes rendus avec d’autres journalistes à Pépressou, village de la famille biologique du président Henri Konan Bédié, situé à 8km de Daoukro où nous sommes allés nous enquérir de la situation et dire nos condoléances les plus attristées à la famille du grand baobab qui est tombé. On pouvait entendre des femmes pleurer et crier leur détresse en langue autochtone baoulé. Nous avons été reçus par un membre de la famille, Monsieur Bédié Ernest qui a été catégorique avec nous sur le fait que la famille se gardait de parler pour le moment vu que le deuil est récent et douloureux. « Ce que vous avez appris est avéré… On en a parlé en famille.

Pour la famille et le village, soyons clairs, aujourd’hui nous sommes en chambre en train de pleurer. On le sait, la nouvelle s’est répandue c’est vrai. Aujourd’hui, on ne peut pas parler. On est sans voix. On a trouvé la RTI ce matin en train de filmer et on les a éconduits poliment parce qu’aujourd’hui, ce n’est pas le moment. On n’a même pas pu annoncer la nouvelle aux parents pendant qu’on a appris cela sur les réseaux sociaux et on ne sait même pas qui les a informés. Nous parlerons avec vous plus tard mais aujourd’hui souffrez que nous nous taisions… Si c’était dans l’ancien temps personne ne l’aurait su de cette manière-là. On aurait dit qu’il est en soin mais de nos jours avec les réseaux sociaux les informations sont délivrées sans filtre et c’est dommage », a expliqué le directeur de cabinet du conseil régional de l’Iffou.

De retour sur Daoukro, nous avons fait une escale à Dadiékro, village voisin de Pépressou où un ancien du village, Kpin Koffi Alexis, s’est confié à nous. « Après avoir appris cette nouvelle triste, je me sens mal. Je suis choqué. J’étais avec mes frères, mes cousins, mes neveux et c’était difficile mais c’est la mort et c’est une fatalité. On n’y peut rien. Je ne savais pas qu’il était malade et à ma grande surprise, on m’annonce son décès. Je suis encore sous le choc, je suis troublé et c’est difficile. Je n’ai pu aller au champ. C’est une grosse perte pour notre pays », a-t-il laissé entendre.

Au corridor, nous avons rencontré Monsieur Siriki Kouassi, un planteur qui travaille dans la plantation de président Henri Konan Bédié à Bédiékro et qui a d’ailleurs épousé l’une des nièces du bouddha de Daoukro. C’est en pleurs qu’il a exprimé son désarroi face à cette nouvelle qui lui transperce le cœur et qui le désoriente.

Akanda Ahou Jacqueline, petite fille du président Bédié, les larmes aux yeux est revenu sur les circonstances qui ont prévalu avant l’annonce du décès du bouddha de Daoukro. « C’est mon grand-père. C’est une grande perte pour nous tous. Les mots me manques, c’est une perte pour moi, c’est une énorme perte pour les populations de Daoukro… Lorsqu’il avait perdu son grand frère, je l’ai vu à deux reprises. Mais depuis lors on ne s’est plus revu jusqu’à l’annonce de son décès. Hier j’étais à la maison et j’ai vu l’hélicoptère et je me suis dite que l’hélicoptère volait trop bas et que peut être qu’il va atterrir ici dans notre quartier à Daoukro. Vers 18 heures, nous avons appris que Bédié est mort. Ma petite sœur et moi sommes allées sur les réseaux sociaux où la mauvaise nouvelle était partout. J’ai appelé au village et ma tante qui revenait des champs a confirmé la nouvelle. Je ne me sens vraiment pas bien et hier je n’ai pas mangé », a-t-elle relaté.

Pour Kouadio Ferdinand, professeur au lycée de Ouéllé, venu faire des courses à Daoukro, le rappel à Dieu de Bédié est une grosse perte pour sa famille biologique, politique et pour toute la nation ivoirienne. « Hier soir aux alentours de 20 heures et 21 heures nous avons tous été choqués. On n’y croyait même pas. Il a fallu qu’on suive l’information à la télé… et qu’on réalise que c’est une réalité. Vraiment c’est une grande perte pour Côte d’Ivoire et surtout pour sa grande famille politique du Pdci-rda. Nous disons donc yako à la famille du président Bédié ici à Daoukro, à toute la Côte d’Ivoire et au monde entier », a souhaité le professeur d’Histoire et Géographie.

En ce qui concerne Nanan Koffi Eugène, chef du village de Daoukro, tout le monde est mortel mais la mort de Bédié a été brusque et inattendue parce qu’il n’était pas malade. « J’ai mal aux yeux avec les larmes qui ont coulé depuis hier jusqu’à maintenant…Je souffre. Si le président avait été malade et qu’on l’avait soigné jusqu’à ce que cela n’aille pas, il pouvait partir. Mais brusquement comme ça, on vient nous dire que le président Bédié est mort. Je n’ai pas cru. C’est aberrant. Je me suis demandé si nous étions en avril pour qu’on vienne me faire une blague de mauvais goût. Tout homme est mortel mais la façon dont on s’en va c’est cela qui fait mal. On est né pour mourir mais à la veille des élections prochaines et voilà qu’il nous quitte», s’est exprimé le chef du village de Daoukro la gorge noué par le chagrin.

Avant-hier soir les rues de la capitale de l’Iffou se sont très vite vidées de leur substance humaine. La plupart des commerces ont très vite fermés et les maquis étaient pratiquement vides aux environs de 22 heures. L’heure n’était pas à la fête car Henri Konan Bédié le dauphin de feu Félix Houphouët Boigny s’est éteint à 89 ans à la polyclinique internationale Sainte Anne-Marie(PISAM) de façon brusque et inattendue à près d’un mois des élections régionales et municipales du 02 septembre 2023.

Christ Yoann pour ICI1FO

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