Côte d’Ivoire : Deux ministres d’Alassane Ouattara poursuivis en justice à Londres par Tidjane Thiam 

Mamadou Touré et Amadou Coulibaly (image ICI1FO)
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L’opposant ivoirien Tidjane Thiam, Président du PDCI-RDA, a fait parvenir au ministre de la communication, Amadou Coulibaly, et à celui de la jeunesse Mamadou Touré, une lettre d’avocat pour dénoncer de « graves propos diffamatoires », tenus par les deux hommes lors d’un événement à Londres apprend ICI1FO de Africa Intelligence.

Signée de l’avocat Michael Frost, associé du cabinet londonien Mishcon de Reya, la lettre rédigée en anglais est datée du 10 octobre. Ce document confidentiel a été transmis au ministre de la communication ivoirien, Amadou Coulibaly, ainsi qu’à son collègue de la jeunesse, Mamadou Touré. La missive, consultée par Africa Intelligence, constitue la première étape d’une procédure dite de pre-action protocol, préalable obligatoire avant la saisine d’un tribunal britannique en matière de diffamation.

Dans sa lettre, l’avocat de Tidjane Thiam dénonce « des propos diffamatoires de la plus haute gravité » formulés publiquement à Londres par les deux ministres. Ceux-ci sont accusés d’avoir « illégalement sali [l] a réputation » de l’opposant dans le but « évident de nuire à ses ambitions politiques » et de « servir les intérêts du gouvernement ivoirien ».

Les faits remontent à une intervention conjointe des deux ministres, le 25 septembre, devant une audience restreinte réunie par le think tank londonien Chatham House (AI du 25/09/25). L’événement, animé par Tighisti Amare, directrice du programme Afrique, s’est tenu en format « on the record » devant une quarantaine de participants, dont plusieurs diplomates.

« Ce monsieur est un imposteur »

La rencontre a eu lieu quelques semaines après l’intervention de Tidjane Thiam devant le même think tank, alors qu’Amadou Coulibaly et Mamadou Touré avaient entrepris d’y présenter la « vision du gouvernement ivoirien » à un mois du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre prochain.

Selon un enregistrement obtenu par l’avocat du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le cas de Tidjane Thiam avait très vite été évoqué par les deux ministres. « Je ne vais pas être langue de bois », a déclaré Mamadou Touré devant l’assistance. « Ce monsieur est un imposteur, parce qu’il a créé les conditions de son inéligibilité. Il ne peut pas être au-dessus de la loi. »

Son collègue Amadou Coulibaly a de son côté accusé Tidjane Thiam d’avoir été « membre du premier Comité national de transition [NDLR : le CNT, lancé au lendemain de l’élection présidentielle contestée de 2020], qui avait des intentions de putsch », avant d’affirmer qu’il s’était « parjuré en mentant à l’administration pour s’inscrire sur la liste électorale », un acte « puni par la loi » et pour lequel vous pouvez « aller en prison ».

« Allégations manifestement fausses »

Ces déclarations ont immédiatement fait bondir le camp de Tidjane Thiam, qui y voit une opération de dénigrement concertée, mise en œuvre sur la scène internationale. Dans sa lettre, l’avocat Michael Frost détaille les deux « allégations principales » retenues : l’accusation de coup d’État, selon laquelle Tidjane Thiam aurait appartenu à un comité de transition visant à renverser le pouvoir en 2020 ; et l’accusation de citoyenneté frauduleuse, affirmant qu’il aurait menti aux autorités sur sa nationalité pour contourner les règles électorales.

« Les allégations sont manifestement fausses », écrit le conseil du président du PDCI. « Notre client n’a jamais été membre d’un quelconque comité national de transition, et s’est même opposé à sa création, comme l’ont rapporté plusieurs médias à l’époque. » L’avocat produit à cet effet une déclaration publique de Tidjane Thiam de 2020 rejetant toute participation au CNT et une structure non constitutionnelle, tout en reconnaissant que l’opposant ait pris part à l’époque « à la plateforme des partis d’opposition ».

Concernant la question de la citoyenneté, la lettre souligne que « notre client a toujours été parfaitement transparent sur son statut », rappelant que « son dernier passeport ivoirien avait expiré en 2002 » et qu’il « a entrepris les démarches nécessaires pour le renouveler avant sa candidature ». Et de conclure : « Il est donc faux de suggérer que notre client ait tenté de contourner frauduleusement les règles électorales, qu’il se soit parjuré ou qu’il soit un imposteur. »

« Préjudice grave et irréversible »

Pour le clan Thiam, ces propos ne sont pas de simples écarts oratoires, mais des attaques calculées, destinées à entacher durablement la réputation de l’ancien patron du Credit suisse, notamment au Royaume-Uni, où il bénéficie d’une « forte notoriété ». « Les allégations visent à dépeindre un homme prêt à tout pour réaliser ses ambitions politiques, y compris à se parjurer et à organiser un coup d’État », souligne l’avocat dans sa lettre, qui évoque un « préjudice grave et irréversible » à la réputation de son client dans les milieux diplomatiques et économiques.

Pour expliciter le souhait d’entamer une procédure à Londres, Michael Frost précise dans sa missive que « compte tenu de la dérive autocratique actuelle en Côte d’Ivoire […] et de la politisation du pouvoir judiciaire, notre client n’a pas la possibilité de demander réparation devant les tribunaux ivoiriens ».

Dans l’immédiat, le président du PDCI exige des excuses publiques des deux ministres, un engagement écrit de ne plus réitérer leurs propos et la prise en charge de ses frais juridiques. Faute de réponse « satisfaisante » d’ici au 24 octobre, la plainte sera déposée à la Haute Cour de Londres, selon le protocole britannique. Les deux ministres qui ont réceptionné le courrier le 10 octobre n’auraient pour le moment pas l’intention d’y répondre.

Pierre le Blanc à Paris pour ICI1FO

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