Dans un contexte de défis alimentaires croissants et de recherche de solutions durables pour la réinsertion sociale des détenus, ICI1FO note que le Burkina Faso marque un tournant audacieux : 200 hectares de terres sont actuellement en cours d’aménagement au centre pénitentiaire agricole de Baporo, situé dans la région de la Boucle du Mouhoun. Une initiative à double impact : booster la production agricole nationale et contribuer à la réhabilitation des détenus.
Le centre pénitentiaire agricole de Baporo n’est pas une prison ordinaire. Ce centre incarne une vision rénovée de la justice : celle qui corrige en formant, qui punit en responsabilisant, et qui réinsère par le travail utile. À travers ce projet agricole d’envergure, les détenus deviennent des acteurs à part entière de l’autosuffisance alimentaire du Burkina Faso.
Au-delà de l’objectif économique, le projet comporte une dimension humaine et juridique novatrice : le travail agricole effectué par les prisonniers permet une réduction de leur peine, conformément aux dispositions légales nationales. Une motivation supplémentaire qui transforme la détention en un parcours de transformation personnelle.

Les détenus reçoivent des formations en techniques agricoles modernes, en gestion des cultures et en agroécologie. Ils acquièrent ainsi des compétences concrètes pour une réinsertion réussie dans la société, une fois leur peine purgée.
Avec les 200 hectares en aménagement, la production attendue concerne des denrées de base comme le maïs, le mil, le riz, les légumineuses et les légumes, destinés à alimenter non seulement la population carcérale mais aussi les marchés locaux. À terme, le centre pourrait même devenir un pôle de formation agricole pour les jeunes en difficulté.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large impulsée par les autorités burkinabè pour faire de l’agriculture un pilier de la résilience nationale face aux défis sécuritaires et économiques. Le projet de Baporo pourrait bien devenir un modèle national, voire régional, de justice productive et de développement rural intégré.
À l’heure où le Burkina Faso fait face à de multiples défis, ce type de projet montre que la solution passe aussi par l’innovation sociale et la valorisation de toutes les forces vives, y compris celles marginalisées par la société. Réhabiliter tout en produisant, punir tout en instruisant : Baporo symbolise l’avenir d’une justice porteuse d’espoir.
Et si chaque prison devenait une école de la terre, un lieu de renaissance au service de la nation ? Le Burkina Faso semble en avoir semé les graines…
Ira Korotimi à Ouagadougou pour ICI1FO