19h30, ce vendredi 22 février 2024, le domicile du Général Bruno DOGBO BLÉ, à la Riviera Palmeraie, respire un air nouveau. Le retour du maître des lieux change l’atmosphère et les visages sont rayonnants. Arrivé chez lui aux alentours de 18h après 13 ans d’incarcération, il reçoit la visite de Madame Simone EHIVET GBAGBO. Debout droit comme le bon soldat qu’il est, l’homme attend dans une certaine posture jusqu’à ce qu’elle parvienne jusqu’à lui. « C’est maman qui vient là ? », lance-t-il avant qu’ils ne tombent dans les bras l’un de l’autre. L’épouse du Général, à côté, brille de joie.
« Que le sol ivoirien te reçoive avec joie et qu’il te donne une rapide régénérescence », déclare la Présidente du MGC avant d’avancer qu’elle est venue embrasser son fils. « Depuis hier, on se demandait s’il pouvait sortir aussitôt. Maintenant que c’est fait, me voici. Merci d’être resté en vie, merci à Dieu de t’avoir gardé en vie ». Le Général ne trouve aucun autre mot que de dire que Simone EHIVET GBAGBO est sa maman. « Merci à maman », chuchote-t-il.
Avant de raconter que la veille, il a attendu en vain et avec impatience qu’on le fasse sortir. Tout s’est passé comme si personne n’avait l’information de sa libération. Ce vendredi donc, vers 16h le Procureur de la République est venu le voir pour lui dire qu’il n’y a aucun billet de sortie pour lui.
« Il m’a dit ceci : ma mission est juste de m’assurer que vous êtes parti d’ici. Je lui ai répondu que mes affaires sont prêtes depuis hier. Pour nous les militaires, c’est moralement fatiguant. C’est un MDL qui ouvre la porte et à qui tu demandes ce que tu peux faire. Dans les autres prisons, il y a des voisins et on n’est pas seul. Mais à l’école de gendarmerie, vous êtes seul, tout seul. J’entendais la voix de maman et je savais qu’elle allait bien mais je n’ai jamais pu la voir. Pendant deux années, je n’avais ni télévision, ni radio. C’est quand ma maman est arrivée qu’on m’a donné une télé », raconte-t-il.
Dans la pièce minuscule où il vivait enfermé, il n’y avait aucune ouverture en dehors de la petite porte. Il raconte également qu’à Korhogo où il se trouvait avant d’être transféré à Abidjan, il vivait dans la même pièce avec 26 autres prisonniers et tout le monde dormait à même le sol, sur des nattes. « A l’école de gendarmerie, c’était donc mieux, mais je balayais, je lavais moi-même les toilettes et les draps ».
Docteur Simone Ehivet Gbagbo et le Général ont longuement échangé sur leur expérience vécue dans le même bâtiment sans jamais se rencontrer. La mère du Général est décédée alors qu’il était incarcéré, sans possibilité de faire quoi que ce soit. « Tu as été brave », lui lance Madame Simone EHIVET GBAGBO avant de se retirer pour laisser à la famille la possibilité de célébrer cet instant mémorable.
Christ Yoann pour ICI1FO