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Guerre en Ukraine : Entretien avec Ilya Samoïlenko depuis les souterrains de l’usine Azovstal

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Pendant l’entretien (image ICI1FO)

 

Ilya Samoïlenko, commandant en second du bataillon Azov, s’est entretenu via Zoom avec Bernard-Henri Lévy depuis les souterrains de l’usine Azovstal alors que les soldats ukrainiens y étaient piégés par les Russes, a appris ICI1FO de différents médias. Un entretien paru dans le JDD, The Telegraph, La Repubblica, le Welt, El Español avant leur évacuation, informe-t-on.

Entretien Zoom de BHL avec Ilya Samoïlenko, commandant en second du bataillon Azov, depuis les souterrains de l’Usine Azovstal.

C’est l’interview la plus bouleversante que j’ai menée depuis longtemps.

Cet homme s’appelle Ilya Samoïlenko.

Il a 27 ans, un beau visage très pâle, un œil qui semble mort, un collier de barbe noir, étrangement bien taillé.

C’est le commandant en second du dernier carré de combattants qui tiennent le complexe sidérurgique d’Azovstal à Marioupol, en Ukraine.

Il est trente mètres sous terre, au bout d’un lien Zoom, dans une lumière terne et froide.

Il pense qu’il va, avec son millier de camarades, mourir dans les jours, peut-être les heures, qui viennent.

La conversation est filmée – je résume.

« Je suis très ému de vous parler.

– Et moi très content. Vous vous êtes connus, avec notre commandant, l’année dernière, à Marioupol. Il a des mots chaleureux pour vous.

– Quelle est la situation, aujourd’hui, à Azovstal ?

– La même qu’hier. Et la même que le jour d’avant. Et que le jour encore avant. Cela fait sept jours, peut-être huit, je ne sais plus, on ne voit plus le temps passer, on ne fait plus la différence entre les jours et les nuits, cela fait huit jours que la pression de l’ennemi croît, qu’il fait donner ses chars, ses canons de marine, ses avions, tout.

– On dit, en Occident, que les Russes attaquent surtout par les airs.

– C’était vrai. Ça ne l’est plus. Ils multiplient, depuis quelques jours, les assauts terrestres, avec forces spéciales.

– Donc des combats au corps à corps ?

– Oui. Par vagues. Et ces vagues nous épuisent. Nous avons la réputation d’être le meilleur bataillon du Donbass. Là, nous fatiguons. C’est un rythme d’enfer. Nous n’arrivons plus à suivre, ni à récupérer entre deux assauts.

– À combien d’hommes estimez ces forces spéciales russes ?

– Plusieurs centaines. Appuyées par un armement sophistiqué que nous n’avons, nous, plus. Mais nous sommes mobiles. Nous connaissons comme notre poche les moindres tunnel, coude, chambre forte et blindage des douze kilomètres carrés de l’usine. C’est notre territoire. Nous ne les laissons pas solidifier des positions. »

Dans sa voix, jusqu’ici accablée, un instant de résolution et presque d’allégresse.

« Où en êtes-vous avec les munitions ?

– C’est le problème numéro 1. Une semaine. Peut-être deux. Mais pas plus. Pareil pour les vivres et pour l’eau. Et zéro armes lourdes, tanks, mortiers, véhicules blindés, zéro. La vérité c’est que personne ne prévoyait que les combats dureraient si longtemps. Pas même nous. »

Je suis en contact, à Washington, avec un groupe de vétérans qui projettent de faire voler des drones pour réapprovisionner l’usine. Je l’en informe. La réponse fuse, qu’il doit répéter, car une détonation sourde l’a couverte.

« Ça ne marchera pas.

– Pourquoi ?

– D’abord l’aire de lancement la plus proche serait à 150 kilomètres. Et puis le premier drone qui survolerait nos cheminées serait immédiatement abattu. Non. C’est impossible. À moins d’un miracle, nous sommes condamnés. Ce n’est plus qu’une question de jours. »

 

Pierre Le Blanc pour ICI1FO

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