Côte d’Ivoire : Nady Bamba aux familles des détenus « Ne désespérez pas, restez confiants, il fera jour bien plus tôt que vous ne le pensiez…»

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« Je m’appelle Hadia Nadiany Bamba. Nady pour les intimes. Je suis musulmane pratiquante, chrétienne compatible. Comprenez par là que j’abhorre les intolérances de toutes sortes. Religieuses, ethniques et toutes formes de discriminations.

Selon moi, c’est l’intolérance qui crée l’injustice dans un pays.

Au nom de cette tolérance religieuse qui me caractérise, je vais réciter un verset extrait du coran et un psaume de la bible qui me plaisent particulièrement avant de vous délivrer mon message.

« Bissimilah, Arahmani, rahimi
Dis: je cherche protection auprès du seigneur des hommes
Le souverain des hommes
Dieu des hommes contre le mal du mauvais conseiller, furtif qui souffle le mal dans les poitrines des hommes, qu’il soit un djinn ou un être humain »
Sourate 114 An-nas les hommes

« L’éternel est mon berger, je ne manquerai de rien
Il me fait reposer dans de verts pâturages
Il me dirige près des eaux paisibles
Il restaure mon âme, il me conduit dans les sentiers de la justice à cause de son nom
Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi
Ta houlette et ton bâton me rassurent
Tu dresses devant moi une table en face de mes adversaires; tu oins d’huile ma tête et ma coupe déborde
Oui le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie et j’habiterai dans la maison de l’éternel jusqu’à la fin de nos jours »
Psaume 23

Que Dieu bénisse cette rencontre et fasse sortir de prison tous nos frères détenus.
Amine!

Paulo Coelho disait que: « Pour la plupart des gens, la générosité consiste seulement à donner. Mais recevoir est aussi un acte d’amour. Permettre à l’autre de nous rendre heureux cela le rendra heureux aussi »
Oh, que cette citation est parlante aujourd’hui.

En acceptant de venir nous rencontrer et recevoir nos kits scolaires, vous faites preuve d’une immense générosité en notre endroit et vous démontrez ainsi que votre affection pour le président Laurent Gbagbo est restée intacte.

Que peuvent valoir des kits scolaires quand on sait les problèmes financiers auxquels vous êtes confrontés? Auxquels nous sommes d’ailleurs tous confrontés tant la vie est devenue chère. Pas grand chose!

Les dons que nous vous faisons aujourd’hui, même, s’ils ne représentent effectivement rien, sur le plan matériel, ils sont cependant énormes sur le plan affectif parce qu’ils sont le symbole de tout notre amour.

Chers parents de détenus, merci pour votre présence.

Madame la représentante du président exécutif, madame Ouraga Eugénie
Monsieur le Secretaire général Damana Adia Pickass, éminentes personnalités du parti des peuples africains, votre présence à cette cérémonie et votre implication dans la réussite de celle-ci démontre la singularité de votre parti, que dis-je, de notre parti.
Un parti profondément humaniste et solidaire.

Cette rencontre n’est pas une rencontre politique même si les personnes détenues sont incarcérés pour des questions politiques.
Cette rencontre doit être placée sous le sceau de la solidarité.

En vous conviant chaque année pour la remise de kits scolaires, c’est notre manière de démontrer notre sentiment de devoir moral vis-à-vis des enfants de soldats de la république, qui n’ont fait que leur travail.
Et, ces militaires, gendarmes, policiers ont été loyaux à la République et non à un individu.
Le général Dogbo Ble et ses compagnons ne sont pas des miliciens, ce sont des soldats qui ont servi la République et qui ont sauvé la Côte D’Ivoire.
Honneur et courage à eux!

Nous avons aussi des civils qui sont détenus pour la simple raison qu’ils ont osé rêver d’une côte d’ivoire plus libre et plus juste.
Vous pouvez être fiers de vos parents, chers enfants.

La seule manière de les rendre fiers, c’est d’aller à l’école et de bien travailler.
Prenez soin des fournitures scolaires que nous mettons à votre disposition.
Malala Yousafzai disait: « un livre, un stylo, un enfant et un enseignant peuvent changer le monde »
Vous comprenez donc que vous avez le plus grand des trésors entre vos mains.

Toute cette injustice que vous subissez aujourd’hui, en allant à l’école et en travaillant avec acharnement, vous la transformerez en un bien pour que nous ayons un monde meilleur.

Je sais que je vous en demande un peu trop, je sais que les épouses sont lasses d’attendre les maris.
Je peux sentir le vide, l’angoisse, la tristesse qu’elles ressentent quand elles se retrouvent dans leurs lits toutes seules parce que ce vide, cette angoisse, cette tristesse, cette solitude, je l’ai aussi ressenti.

Je peux sentir la peur qui fait battre le cœur des mamans.
La crainte de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de leurs enfants et que les enfants dérapent, je formule pour elles, la prière que je faisais pour mon fils, « Seigneur mon Dieu, éduque pour nous nos enfants et sois toi-même le père et la mère de ses enfants de prisonniers. Prolonge la vie de leurs papas et mamans afin que les années perdues soient rattrapées »
Oh, que c’est douloureux d’être la femme d’un détenu.

On ne nous respecte plus. Les gardiens de prisons nous regardent avec mépris, aller rendre visite à un mari dans une prison est douloureux, nous sommes contraintes d’être fortes pour nos époux parce qu’ils ont besoin de notre réconfort. Mais, qui nous réconforte-nous? Yako à toutes les épouses ici présentes et que Dieu vous comble de son immense présence. Yako, iffo, A YAHOH!

Pour faciliter vos démarches auprès des autorités judiciaires, le président Laurent Gbagbo a instruit l’avocat maître Tapi Sylvain de vous apporter son assistance judiciaire. Il est chargé de suivre les dossiers des 12 militaires détenus depuis 2011. Quand vous aurez besoin de le solliciter pour un de vos parents détenus, vous êtes priés de prendre d’abord attache avec le secrétariat général adjoint en charge des détenus politiques du PPA-CI. C’est cette cellule qui servira d’interface entre vous et l’avocat.

Mesdames,
J’entends vos questions dans mon cœur et qui résonnent dans ma tête,
oh Seigneur, quand est-ce que nos maris sortiront? Quand est-ce qu’ils sortiront? Est-ce qu’ils sortiront de prison?

Je vous le dis aujourd’hui avec certitude parce que Dieu est puissant, vos maris sortiront parce que lui seul sait contraindre celui qui ne veut pas et sait disposer le cœur de tout un chacun.
Le président Laurent Gbagbo ne se lassera jamais d’en parler, jamais, jamais. Comme une goutte d’eau à force de tomber sans interruption fait briser le plus gros rocher, c’est ainsi que ceux qui détiennent nos parents, nos amis, finiront par les libérer parce que le président Laurent Gbagbo continuera de demander et d’exiger leur libération.

Ne désespérez pas, restez confiants, il fera jour bien plus tôt que vous ne le pensiez et j’espère ne pas vous revoir ici l’année prochaine. Ne pas vous revoir reviendrait à dire que tous les prisonniers ont été libérés.

Vous constatez que nous sommes moins nombreux cette fois-ci. Nous le sommes parce qu’heureusement, certains de nos frères ont été libérés, il y’a quelques mois.

Nous prions et nous proclamons qu’en Côte d’Ivoire, qu’il n’existe plus de prisonniers politiques.
Que Dieu touche le cœur de nos autorités politiques afin que les portes des prisons s’ouvrent afin que le vivre ensemble soit réel.
Un prisonnier dehors, c’est une famille sauvée.

Je voudrais achever mes propos par la lecture d’une fable de la fontaine, qui m’a marquée et forgée le caractère quand j’étais en classe de CE1 et que je voudrais partager avec nos enfants.

Le laboureur et ses enfants

Travaillez, prenez de la peine
C’est le fonds qui manque le moins
Un riche laboureur sentant sa mort prochaine
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents
Un trésor est caché dedans
Je ne sais pas l’endroit mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’oût
Creusez, fouillez, bêchez; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage
D’argent, point de caché. Mais, le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.

Je vous remercie et que Dieu vous bénisse. » a déclaré Nady Bamba.

Christ Yoann pour ICI1FO

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